Roger Dautais, Landartiste
Message paru en 2010 et réactualisé ce jour
" Car il faut que chacun compose le poème de sa vie " Youenn Gwernig
Il aime se pencher sur les rives, décorer
les océans, du sable faire une croix. Il suit son geste dans les couleurs de sa
trace. Ce geste comme « L’unique trait de pinceau » du Landartiste.
Quand sa main glisse sous le sable, il
pense à son aimée dont les yeux bleus caressent l’espace. Il s’anime. Tout lui
parle à cet homme, les pierres et les allumettes, votre sourire et ses regrets.
Plongé dans la nature, il est de ceux qui
dansent sur la mer...
Roger Dautais trépigne, fouille le sol. Il
regarde l’espace et le prend sous sa main, le corps endolori par la pliure. Un
genou à terre, Roger dessine une spirale sur le sable. Quelques heures plus
tard, seul face à l’océan, il regardera peut-être la mer effacer son œuvre…
c’est le principe même du Land art, l’œuvre n’existe plus que dans la mémoire
de l’artiste, celle de ses mains et du cœur à l’ouvrage
« La route me tend les bras. Il me
serait bien impossible de dire vers où j'irai demain, tant ma vie de
land-artiste s'inscrit dans l'aléatoire, l'éphémère, l'inconnu. C'est comme ça
depuis tant d'années, depuis que je pratique le land art. Je peignais une
mauvaise toile inspirée par la vie d'Ana Mendieta, prêtresse du land art
Américano-Cubaine, trop vite disparue, lorsque j'ai ressenti cet étrange appel
vers l'extérieur, vers la nature. Nous étions en 1999 et je décidais de changer
de cap, d'abandonner la peinture pour suivre cette inspiration. Mes vrais
premiers pas en land art ( je ne compte pas ceux réalisés sans conviction
quelques années avant) datent de cette année là et je pourrais encore vous
emmener sur cette plage où j'ai réalisé, devinez quoi...un gisant »
extrait du blog de Roger Dautais -
Le chemin des grands jardins
Sur son blog, comme un livre ouvert, Roger
Dautais se raconte. Il nous offre des témoignages, des lectures, des rencontres
… une vie d’artiste que l’on peut suivre en toute simplicité.
Mais il écoute aussi la vôtre . C’est là
que je l’ai rencontré.
« Chercheur d'ailleurs, coureur
d'estran, marcheur impénitent, fabricant d'étoiles, monteur de cairns,
tisserand d'instants précieux, ravaudeur de rayon de soleil, dompteur d'écume,
tourneur de spirales, voyageur né, , ami des fleuves et des rivières, passant
des déserts, enchanteur de coudrier, découvreur d'onde pure, rêveur à la belle
étoile, ami d'Orion et d'Horus, artisan des matins glacés, il me semble, de
plus en plus, ne pas connaitre grand chose dans ce lien qui me rattache à la
nature. La poésie de ma démarche est sans doute dans ce questionnement, cette
partie de mon enfance, si présente, qui me fait, chaque jour, plus étonné du
jour qui se lève. Je pense avoir besoin de cette naïveté pour être en mesure de
jouer encore ma vie dans ces installations. Ceci ne veut pas dire que je vois
la vie, naïvement, non, bien au contraire, mais j'espère de transformer cette
crainte de l'avenir que l'on nous propose, et prépare en instants
"vivables", autrement. Il est vrai que j'y arrive assez facilement,
avec cette capacité d'oubli qui est la mienne, au moment de la création, non
pas que je sois dans un état second, mais simplement, occupé et croyant au
travail que je fais, sans d'ailleurs essayer de lui donner une valeur de
qualité, une note. Nul besoin de cultiver ce détachement , il est naturel et je
pense, inspiré par la finitude de l'homme.Les photos, lorsque j'en prends, me
permettent souvent de découvrir plus justement ce que j'ai réalisé »
extrait du blog de Roger Dautais - Le chemin des grands jardins
Mais silence, Roger est penché sur le
sable, il regarde, dessine avec les pierres « des empreintes imprimées par
le cœur » comme dirait Guo Ruoxou . Il n’imite pas la nature, mais
travaille avec elle. L’expérience est intense. Le poème commence à suinter de
la pierre. Le monde vient à sa rencontre…l’homme frémit.
En chaque homme une dimension poétique,
celle-là même qui crée notre existence et nous donne sens. C’est dans le
cadre de cette quête inlassable de trouver un autre rapport avec la
réalité, une autre façon de penser le monde que j’ai croisé le chemin de
Roger Dautais. Engagée dans le monde par le poème, j’y retrouve le même
écho. Il est ainsi un nouveau regard sur l’humain que l’on peut suivre en toute
gratuité sur son blog.
Finalement Roger, ton blog c'est comme un
cairn que tu serais en train de bâtir là sur la mer, jour après jour tu nous
réponds avec la même présence, nos regards se croisent à l'horizon et nous
sommes de plus en plus nombreux à te voir ...
« J'ai aimé tenter d'inventer ma vie,
de l'imaginer, de l'écrire puis de la réaliser. Je crois que le rêve a un prix,
comme la liberté, et si j'ai payé cash, je ne regrette pas mes choix. Ce dont
je suis sûr, c'est que nous n'emmenons rien de l'autre côté du miroir et cela
m'a aidé à suivre une route, donner un sens à mon travail d'artiste et
m'inscrire dans l'éphémère en pratiquant le land art. Mais je ne pourrais pas
continuer sans ce besoin vital de lien avec mon alter ego, sans cultiver cette
humanité qui me compose, sans aimer la vie. »
extrait du blog de Roger Dautais - Le
chemin des grands jardins
Chère Brigitte,
RépondreSupprimerJe suis très touché de ce travail d'écriture que tu as mené à ma rencontre. Je ne sais jamais si je vaut tout cela. Tout à l'heure, dans ma voiture, je viens d'écrire un texte intitulé :
"chien errant".
Court et autobiographique.
Je pense que chaque définition nous attache et je combat pour rester libre. Mais je dirais que ce n'est pas grave, c'est la vie qui l'est.
C'est ta démarche qui me plait, car je te sais sincère et j'aime ton combat pour une expression sans scories, même si j'ai tendance à me classer dans cette catégorie. Je mesure mal ce que j'ai fait dans ma déjà longue vie d'artiste, mais plutôt, les progrès à faire et le peu de temps qu'il me reste. Tu fais partie des personnes qui m'aident à voir un peu plus clair. C'est pour cela que je suis très heureux d'être dans ton Monde en Poésie. Je t'en remercie,
Je t'embrasse,
Roger
Bonsoir Roger
RépondreSupprimerj'ai eu du plaisir à dire ce que tu fais, à trouver ces mots...pour dire la rencontre
belle route à toi Roger Je t'embrasse
ce sera aussi précieux de découvrir ce film que tu viens de réaliser sur la maladie d'Alzheimer et ton travail de médiation par l'art, une autre facette de ton travail
J'aime aussi cette idée de l'éphémère dans la création, quoi de plus éphémère d'ailleurs que la musique qui sitôt écoutée est déjà passée... ailleurs, même si un support peut l'immortaliser, le temps de vie du support :-)
RépondreSupprimerIl y a des créations magnifiques sur ce blog.
J'aime aussi l'idée de les donner, ou de les rendre à la nature, à la Terre et qu'elle en fasse ce qu'elle veut.
Je voudrais savoir être celle qui ne laissera aucune trace derrière elle, le jour du départ et ainsi pouvoir me fondre, dans le Tout.
Passagère bonsoir, cette façon d'être dans l'éphémère ET la création, toujours en prise avec la matière, c'est une grande richesse du Land art .De plus l'acte gratuit touche un autre espace, c'est sûr! Tes pensées, savoir être celle qui partira sans traces abandonnant son corps à l'espace, me touchent profondément.Je t'embrasse Brigitte
RépondreSupprimerTrès heureuse de vous retrouver tous les deux et bel échange croisé
RépondreSupprimerLongue et belle vie à cette nouvelle aventure
A bientôt
arlette
Bonsoir Arlette, il y a une vraie vie des blogs, on se croise, on s'enrichit , on s'interroge et tout ça dans
RépondreSupprimerla gratuité. Merci de votre passage et aussi de ce poète que vous m'avez fait connaître, François Cheng à travers votre blog que j'aime visiter aussi régulièrement très belle soirée à vous
His works seem to remind me of the universe...
RépondreSupprimerThank you.
ruma
Ruma hello, yes I understand you . That's true. This intense contact with nature...
RépondreSupprimerPetite halte ici...
RépondreSupprimerJe t'ai croisée souvent chez arletteart !
Très belle évocation de l'oeuvre de Roger qui me fait aussi rêver...
J'admire sa ténacité, ses dons d'équilibriste pour monter ses rochers, le tout étant de bien trouver le centre de gravité, et en cela, il est très très fort !
Merci de l'avoir mis en valeur.
Biseeeeeeeeeees de Christineeeee
Ravie de te voir t'arrêter Christine sur cet écrit pour Roger et son engagement, je t'avouerai qu'à la fin de mon papier j'étais épuisée tant j'avais l'impression de
RépondreSupprimerde tenir ces roches, cette matière, ce vent...entre les mains! Oui c'est un beau travail que le sien et c'est son goût du partage qui m'émeut tout autant.
au plaisir Christine de te rencontrer
Brigitte
Comme c'est émouvant ces retrouvailles
RépondreSupprimerMerci Chère Brigitte gardienne de nos émois
Un bel été pour vous
Arlette
Vous aussi chère Arlette! Ce blog est un vrai carnet de voyage et j'aime remettre ces pages anciennes à l'air du jour :)
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