Voix réunies, Antonio Porchia, Po&Psy
Nous recevons
la visite de notre vie absente, dans la douleur
Le lointain,
le très lointain, le plus lointain, je ne l’ai trouvé que dans mon sang
Je t’aiderai
à venir si tu viens et à ne pas venir si tu ne viens pas
la terre a
perdu avec moi, une poignée de terre
Là où il y a
une petite lampe allumée, je n’allume pas la mienne
Celui qui
cherche à te blesser cherche ta blessure
pour te blesser dans ta blessure
Je peux ne
pas regarder les fleurs mais pas quand personne ne les regarde
L’extraordinaire
parait être ce qui donne vie à tout. Et moi je crois que c’est notre ignorance
l’extraordinaire
Voix réunies, Antonio Porchia, éditions Erès collection Po&Psy dirigée
par Danièle Faugeras et Pascale Janot
J’ai découvert Voix d’Antonio Porchia avec ce premier
recueil paru aux éditions Erès en 2011 dans la collection Po&Psy, Voix éparses . Une émotion profonde
tant cet écrit est profondeur. Aujourd’hui
sont réunies en un unique volume, l’intégralité de ces Voix, Voix réunies. Une
version bilingue où se retrouvent 1182 Voix. C’est l’œuvre unique de son auteur
Antonio Porchia 1885-1968, poète argentin découvert par Roger Caillois qui sera
son premier traducteur.
Antonio Porchia
partageaient avec ses amis ses aphorismes qu’ils nommaient lui-même, ses voix; avec
le temps et suivant le chemin des bibliothèques rurales, ces voix pénètrent dans
les cœurs des argentins. Elles sont lues, apprises et recopiées avec passion. Peu
de temps avant sa mort Antonio Porchia enregistrait sur une radio locale certaines de ses voix que nous pouvons écouter en suivant
ce lien. L’écoute nous donne la dimension de l’être :
Roberto Juarroz
a écrit une postface à cet ouvrage, postface que vous pouvez lire sur internet
et je crois pour ma part n’avoir jamais lu une réflexion sur la profondeur
aussi passionnante. C’est aussi ce qu’il y a
de mieux pour entrer accompagné (si vous le souhaitez) dans l’univers d’
Antonio Porchia . Voici un extrait :
........
La pensée profonde passe par le sens ancien de l’intelligence . lire à
l’intérieur des choses. Elle est pénétration, aventure et audace,
abandon des garanties, découverte et création, le " nouveau " de
Baudelaire, l’ " ouvert " de Bergson, l’absolue liberté de la quête,
l’abolition des sécurités. C’est pourquoi Heidegger a pu affirmer que la
science ne pense pas et risquer que la philosophie non plus ne pense
pas.
..................
L’effort d’approfondissement, l’exercice de la captation profonde, n’a
rien à voir avec l’astuce, la perspicacité ou la jonglerie
intellectuelle qui remplissent livres et revues. C’est comme un instinct
de plongeur, un refus de toutes les zones intermédiaires, un cohérence
d’intégrité, une décision d’aller jusqu’au terme, bien qu’il n’y ait pas
de terme. Cela exige toute la vie en appoint, sans jeux faciles, sans
recul devant l’abîme. Approfondir est la forme la plus radicale et
généreuse de l’héroïsme. C’est être aussi sans références. L’échelle de
relation est désormais l’infini, et la rencontre avec la mort comme
expérience anticipée et paramètre constant du possible."
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Le Nouveau recueil, Les voix multiples d'Antonio Porchia - Yves Humann
( message déjà paru en juin 2014 et 2017, réactualisé ce jour)
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