Un appel à vivre la beauté, "A l'éveil du jour"
Photo Denise Pelletier |
Je ne sais pas vous, mais moi j'ai mis du temps à
sortir de la sidération créée par la "surprise" de ce virus. Je
reprends seulement le chemin de mon bureau. Et pourtant je vis au bord de la
mer, tout près de paysages de grande beauté et qui nous aident tant à vivre
notre espace intérieur et son immensité. Et pourtant je suis habituée au
confinement, à la diminution des relations sociales, aux angoisses liées à ce
qui nous étreint, ce que nous découvrons quand nous sommes dits" malades". Les malades bien portants, en
rémission ou chronique sont habitués depuis longtemps à ces chocs. Ils ont de
l'avance. Confrontés à la mort, l'inattendu, ils en savent l'importance.
Un appel à vivre la beauté
Je me dis que la vie d'après, et ce n'est pas pour tout de
suite, ce sera toujours aussi étrange, inconnu et inattendu. Il nous faudra du
temps pour revenir à la Vie.
Boris Cyrulnik nous dit cette semaine que "nous sommes dans
la résistance et pas encore dans la résilience"; pour l'instant, nous
résistons, un peu hébétés, tant nous sommes ramenés quotidiennement à la
souffrance de nos semblables, à la désorganisation de nos sociétés. Le Printemps
et son vivant soleil nous protègent en ce moment, de plus de mal encore.
Confinée, comme chacun, je me souviens de cette période entre
2004 et 2006 où atteinte d'une leucémie, je me retrouvais confinée en chambre
stérile pendant des heures, des jours, des semaines, sans savoir où j'allais,
vers la vie ou vers la mort. Face à des soignants toujours masqués, des amis
masqués. Je me disais, Je ne sais plus comment parler de la vie, elle vient de
me rester dans les mains. Il m'aura fallu plus de 10 ans après ce traumatisme,
pour me rassembler et oser m'avancer comme témoin de cette nouvelle aventure.
Là j'ai écrit en 2015 "A l'éveil du jour", une autobiographie "poétique", pour dire à quel point on se sort de ces traumas, grâce à l'art.
Là j'ai écrit en 2015 "A l'éveil du jour", une autobiographie "poétique", pour dire à quel point on se sort de ces traumas, grâce à l'art.
L'homme est un créateur, à jamais, il ne faut pas l'oublier. Et il y a une dimension extraordinaire en chacun. ( sourires). C'est souvent dans des conditions extrêmes que cette dimension lumineuse se découvre. Mais là on vit collectivement cette mise à l'écart, ce qui la rend encore plus dense et particulière. Passé le premier choc, l'obligation du confinement nous oblige à aller de l'avant en nous-même. " Le confinement est moins important que la signification qu'on attribue au confinement " poursuit Boris Cyrulnik.
C'est si vrai, chercher, fouiller le monde du dedans et du dehors et peut-être y trouver une lueur, une direction. ce qui m'a le plus impressionné dans mon expérience, c'est à quel point, à l'arrêt, tout se défait, tranquillement mais sûrement. Les croyances, les idées, les couleurs même du monde...Les désirs s'éloignent ... et surtout, l'espace spirituel s'ouvre...j'ai appris à me déplacer sur le chemin, à penser l'origine. Comme si le coeur des hommes faisait battre l'univers, dans cette vision du coeur et de l'espace uni.
" Un appel à laisser tomber les masques, les histoires
figées de nos vie humaines. Un appel à vivre la beauté. Rien n'est
répréhensible, tout est compréhensible me dit la nuit.Je suis mon autorité. Après
la lumière ressentie dans mon corps, la transmission de l'amour se réveille,
comme si l'amour donnait sens à la lumière. L’essentiel serait de toucher
l'essence. C'est peut-être le ciel qui vit en nous. (Et toujours ce point au
centre de mon corps, comme une toupie dont le mouvement rejoint l'infini). Les
objets, le décor, paraissent bien immobiles face à cet éclair qu'est l'élan de
vie. Et si toutes les portes s'ouvraient de l'intérieur"
Extrait page 47 "A l'éveil du jour" Brigitte Maillard Ed. Monde en poésie toujours dispo version papier sur commande ou en version numérique via Amazon ou la Fnac.
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Haut les cœurs et courage à chacun
Brigitte Maillard
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